dimanche 4 juin 2017

ET LES GANTS ?... ÉLÉGANT ??




        

Des gouttelettes de rosée s’attardent en ce petit matin d’automne ; la brume peine à se dissiper. Brève discussion, notre histoire si vite effacée ! Je me retrouve seul, sur ce banc, dans ce parc immense. Elle a oublié ses gants… Tout un monde de souvenirs afflue.

Les gants, compagnons de mon enfance 

Je revois 

Les gants si blancs de Tantine, assise religieusement sur les bancs de l’église - les sermons dominicaux : figure de circonstance et somnolence assurée ; ma tante me gourmandait !

Le beau sourire de ma mère quand je soufflais sur cette mousse généreuse qui envahissait l’évier - la vaisselle attendait patiemment le coup de main de ses gants roses en caoutchouc - tache et tâches récurrentes !

Le regard généreux de mon père - notre royal jardinier, vêtu de sa panoplie complète : sabots, tablier et gants verts, qui avait une  patience et une foi inébranlable en son garçon, incorrigible ignorant, arrachant en aveugle les bonnes comme les mauvaises herbes.

Le petit garçon que j’étais, avec ses joues rouges, son nez gelé, rentrant le cœur joyeux à la maison après d’inoubliables batailles de neige - à l’époque, je ressemblais au célèbre Bibendum, mes gants n’avaient qu’un pouce - bien suffisant !

Les manicles grises de mamie-gâteaux, sortant du four de véritables délices - ses yeux pétillant de bonheur en me regardant les engloutir - une odeur si familière envahissait sa cuisine - j’étais l’enfant-roi !


Les gants, confidents de mon adolescence 

Me revient en mémoire

Cette gêne : complexé, par mon visage d’adolescent éternellement printanier avec ses bourgeons des quatre saisons, je passais en douceur ce gant de toilette espérant me libérer de cette floraison quotidienne - le reflet du miroir demeurait sans pitié - traumatisant !

Cette timidité durement combattue : m’affirmer était devenu une évidence - à la salle de sport, je croisais les gants - 6 onces de fierté !

Ce trouble charmant : oh, Noémie !! Sa voix gracile, sa bouche mignarde et ses gants argentés, parfumés « à la frangipane » - je fleurais ses doigts - je savourais nos instants gourmands - envoutants souvenirs d’une essence oubliée !

Les gants, compères à l’âge adulte 

J’ai rêvé

 D’être un athlète - la musculation fut souvent ma favorite, courtisant mon corps patiemment - les mitaines ne m’ont pas lâché pendant longtemps, les douleurs non plus J

J’ai frimé

 Gants de cuir et lunettes noires - une coupée sport et THE MEC, moi !

Je me suis abandonné

 Quand elle se déganta, éployant sa grâce naturelle, le tombé langoureux de la fine dentelle noire m’a retourné… comme un gant !

J’ai officialisé

 Amour passionné, partagé - armé de gants beurre frais, comme il se doit, au père, je demandais la main de sa fille - d’un chevaleresque !

Je me suis aventuré

 Nous gommions les fatigues quotidiennes - gant de crin pour sa peau douce - tendres frictions !


Je reste là, hagard, le regard perdu.
Je n’ai pas compris son lacis de reproches embrouillés.

Elle m’a quitté, n’a pris aucun gant.

           Hélène mariau